Remue-ménage
[PROJET EN COURS]
Une exposition au mois d’octobre 2019 au Centre culturel de Peruwelz, des rencontres avec des brossiers et la fédération française de la brosserie m’amène aujourd’hui à imaginer un livre, des objets en céramique…
[GENÈSE] Souvent je travaillais. Puis venait la fin de la journée avec le rangement de l’atelier. Je me suis alors rendue compte que le nettoyage des presses, des tables d’encrages, des écrans de sérigraphie, des pinceaux, de la table de dessin devenait un véritable terrain de jeu.
Des gestes vifs ou au contraire las (cela dépendait du jour écoulé!), combinés à telle sorte d’éponge, avec telle peinture utilisée durant la journée amenaient de nouvelles images, des couleurs inattendues, des matières déroutantes…
Point de départ à d’autres images pour le lendemain, d’autres histoires, ou simplement point d’arrivée — témoin d’un moment, d’un geste.
Plus tard, je me suis surprise à lire le balai de l’essuie-glace, celui de l’éponge sur la table, la serpillère au sol, la monobrosse sur le bitume… Autant de dessins tracés, l’air de rien.
[PROPOSITION] Dessiner en nettoyant la table, en lavant les vitres, en balayant le sol. Balais et balayettes, brosses et goupillons, plumeaux, chiffons, raclettes, éponges… Voilà les outils avec lesquelles nous allons peindre.
Mais d’abord : observons. Dessinons. Et discutons. Quelles sont ces brosses, ces éponges ? Quelles formes ont-elles ? Pourquoi ? Comment sont-elles fabriquées ?
Comment tout ça tient ? D’ou ça vient ? Pourquoi c’est comme ça ? Voilà quelques-unes des questions que je me pose très souvent.
Voilà pourquoi je suis allée à la rencontre d’un préparateur de soie (qui prépare les différentes fibres des brosses — animales, végétales, synthétiques), d’un directeur d’entreprise qui fabrique des brosses industrielles de voiries, d’un ancien fabricant de brosses à dents…
Pour voir et comprendre comment c’est fait.
Et quelle joie de partir à la rencontre des gens qui ont chacun, des bribes de réponses à apporter, des expériences à partager.
C’est un moteur puissant pour fabriquer de nouvelles images, écrire de nouvelles histoires.
De retour à l’atelier, faire l’expérience que les poils de sanglier ne font pas la même trace que les fibres de coco… Que je ne fais pas les mêmes gestes que mon voisin, qu’il n’y a pas une manière de tenir son pinceau, que tous les moyens sont bons pour dessiner, écrire, tracer.
Voilà le but du jeu. Balayer les certitudes, démêler les mots, passer l’éponge…