Réserve

Camille Nicolle [texte]
Stéphane Ebner [images]

C’est une promenade à travers bois, où le lecteur, aux aguets, part à la recherche d’une mousse, d’une feuille, d’un autre…
En préambule, cette phrase d’Aglaja Veteranyi : « Celui qui trouve, il n’a pas bien cherché » donne le ton à ce jeu de cache-cache entre les parties dessinées et le blanc qu’elles révèlent, entre le dit et le non-dit.

Esperluète éditions
parution octobre 2011
format 21 x 30 cm, 36 pages
isbn 978-2-35984-023-0


22 euros

www.esperluete.be


AUTOUR DU LIVRE, ARTICLES & PRESSE

La distance est posée. Elle évoque un seuil. Elle interroge le territoire d’un retrait et la présence d’un mystère. La forêt est ce lieu où l’œil pénètre et traverse futées et clairières, éprouve la verticalité des arbres, la limpidité des feuillages pour s’attarder ensuite sur le sous-bois imprégné d’une odeur un peu âcre. L’enfant connaît ces courses à travers bois et s’enivre d’un sentiment de liberté. Il éprouve les limites de son pouvoir à parcourir un monde et à y reconnaître une cabane, un arbre abattu par l’orage. Le promeneur éprouve cette même euphorie et respire mieux, adopte le rythme régulier de la méditation. Il s’imprègne du sentiment du temps. Les variations de la lumière, selon les heures du jour et selon les saisons déposent les couleurs, les prononcent. Et de cette condensation naît le blanc qui sépare et souligne, qui libère chaque forme et parfois la dissout dans une sorte de douce effusion. Cette oscillation est au cœur du livre comme un battement secret. Regarder l’espace du vide, chercher l’équilibre entre ce qui sans cesse s’échappe et disparaît et le germe dont surgit une forme à chaque fois surprenante, inattendue.
Et de ce reste de jour et de lumière, de cette réserve infinie, de ce rien qui certain jour procure un sentiment de joie, Camille Nicolle et Stéphane Ebner ont fait un beau livre, léger et profond, que l’on reprend avec le même plaisir secret qu’une promenade en forêt.
Serge Meurant, janvier 2012
Réserver quelque chose à quelqu’un, se réserver, être sur la réserve ; une réserve naturelle ou une réserve active, sortir de sa réserve, avoir des réserves telles sont quelques images qui naissent de la promenade en sous-bois proposée par Camille Nicolle et Stéphane Ebner. Le texte, un monologue adressé à un interlocuteur absent évoque une rupture, un deuil peut-être jusqu’à « un dimanche, devenir feuille », espoir d’un renouveau. L’illustration peu à peu se dépouille, se perd jusqu’à la fragile brindille finale où frissonne, pâle, une espèce de feuille. Un album d’une mystérieuse beauté étrange et douce qui laisse place aux sensations et à l’émotion.
Danielle Bertrand, Ricochet, novembre 2011
La présence est dans l’absence

Aquarelles et gouaches d’une belle délicatesse jetées sur papier lisse et velouté, légèreté, énigme et beauté se glissent dans l’album de Camille Nicolle et Stéphane Ebner qui, en peu de mots, en disent tant. Deux troncs d’arbres, une lumière, de la verdure, une disparition, on ne sait réellement laquelle, une valise inutile, un nom qui s’oublie, la mort du vert, la recherche de l’équilibre, le parallèle entre la nature, à laquelle les enfants sont si sensibles, et le temps qui fuit, le vide qui s’installe, des mots doux pour des illustrations lumineuses, un magnifique livre d’art édité chez Esperluète, petite maison d’édition belge qui accorde un soin particulier à l’objet livre et sort une dizaine de titres par an.
Bien placée pour parler de sa « Réserve », Camille Nicolle, Française et formée à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles écrit : « C’est une promenade à travers bois, où le lecteur aux aguets part à la recherche d’une mousse, d’une feuille, d’un autre. En préambule, une citation d’Aglaja Veteranyi : Celui qui trouve, il n’a pas bien cherché donne le ton à cette partie de cache-cache entre les parties dessinées et le blanc qu’elles révèlent, entre le dit et le non-dit ». Camille Nicolle a reçu le premier prix de la Foire internationale de Paris. Ici, elle écrit, pour la première fois, alors que Stéphane Ebner dessine en ce livre parti d’un mot, « réserve », polysémique, qui décrit la manière d’être à soi et à l’autre. Où le blanc est synonyme de présence en creux.
Laurence Bertels, La Libre Belgique, décembre 2011